sábado, outubro 15, 2005

referências / GEORG SIMMEL

Enfin le parfum artificiel joue un rôle sociologique en réalisant sur le domaine de l' odorat une synthèse étrange de téologie à la fois égoïste et sociale. Le parfum obtient par l' intermédiaire du nez les mêmes effects que les autres parures obtiennent par l' entremise des yeux. Il ajoute à la personnalité quelque chose de tout à fait impersonnel, quelque chose venant de l' extérieur mais s' incorporant si bien à elle qu' il paraît s' en dégager. Il agrandit la sphère de la personne en produisant une impression semblable aux feux du diamant ou aux reflets de l' or. Celui qui est proche plonge dans cette atmosphère; il est en quelque sort pris dans la sphère de la personnalité. Comme les vêtements le parfum recouvre la personnalité tout en la soulignant. C' est en cela qu' il constitue une manifestation typique de la stylistique, une dissolution de la personnalité dans des caractères généraux qui cependant en expriment les charmes d' une façon beaucoup plus pénétrant que ne le pourrait faire sa réalité imédiate. Le parfum recouvre l' atmosphère personnelle, la remplace par une atmosphère objective tout en attirant l' attention sur elle. On suppose que le parfum créé par cette atmosphère fictive sera agréable à chacun, que s' est une valeur sociale comme les bijoux, la parure. Il faut qu' il plaise indépendamment de la personne, qu' il réjouisse subjectivement l' entourage de celle-ci, tout en rehaussant cependant du même coup sa valeur comme personnalité.

(Georg Simmel, Essai sur la Sociologie des Sens, in 'Sociologie et Épistemologie', Paris, PUF, 1981, págs. 237/238)